J’ai beaucoup écrit à propos de ma fille lors de mes chroniques précédentes, mais j’ai oublié de mentionner que mon fils a un trouble d’apprentissage léger et un léger trouble de la lecture et de l’écriture. Il a reçu le diagnostic par un psychologue lorsqu’il était en 3e année, soit à l’âge de 8 ans. Il est maintenant en 5e année et a réussi à parcourir un long chemin grâce à l’aide de ses enseignants, du personnel de soutien et des conseils de ma chère collègue Dre Michèle Minor-Corriveau. Le langage écrit n’est pas mon domaine d’expertise et pour être honnête, nous n’avons pas reçu beaucoup de formation dans ce domaine lorsque je faisais ma maitrise en orthophonie. Je suis très reconnaissante d’avoir une spécialiste qui est prête à travailler avec mon garçon et à offrir des consultations au personnel de l’école. Je lui ai demandé d’écrire une chronique pour mon blogue afin qu’elle puisse partager aux autres parents, professeurs, éducateurs, orthophonistes ce qu’est un trouble du langage écrit et comment nous pouvons aider ceux qui ont de la difficulté avec l’écriture. Vous pourrez en apprendre davantage au sujet de Dre Minor-Corriveau à la fin de cette chronique. Voici son billet : Si nous étions déposés sur une île déserte, sans alphabets, sans mots écrits, sans signes, sans messages écrits, nous n’apprendrions jamais à écrire, car nous n’en sentirions pas le besoin. Êtres sociaux que nous sommes, nous développerions un langage oral commun aux indigènes trouvés sur cette île déserte afin de communiquer nos besoins et nos désirs. Le langage écrit, cependant, est un code qui doit être enseigné explicitement: il est impossible de l’acquérir en interagissant avec d’autres êtres sociaux. Alors, quelle compétence doit d’abord être enseignée? La réponse à cette question est loin d’être simple ni claire. Elle dépasse de loin les limites de ce billet, mais il faut bien comprendre que l’apprentissage de la langue écrite ne se présente pas de façon linéaire. L’art de bien orthographier et d’écrire avec précision ne s’apprend pas sans instruction explicite. Il ne s’agit pas non plus d’une addition de diverses compétences qui formerait un tout. Dans ce cas, le tout est certainement plus que la somme de ses parties, et compte tenu de la diversité des capacités des enfants regroupés presque au hasard dans une même salle de classe, une approche taille-unique est rarement efficace. D’ailleurs, qui aurait décidé que l’âge est la caractéristique la plus commune que les enfants partagent? Pourtant, c’est bien l’âge qui est le facteur commun pris en considération lors du regroupement des élèves afin de leur enseigner de nouvelles compétences. Voilà un autre thème qui fera l’objet d’un billet à venir. Il suffit de dire en toutes lettres qu’en français, peu d’outils servent à guider les enseignants dans la manière de transmettre les capacités à apprendre l’orthographe, quoiqu’il y ait une hiérarchie recommandée qui, lorsqu’inscrite dans/respectée à travers un continuum, aidera les enfants à maîtriser efficacement les fondements essentiels du langage écrit. Et bien que la maîtrise d’une compétence puisse mener à la maîtrise d’une autre compétence, ce ne sont pas en soi des garanties de succès. Selon Béatrice Pothier, d’autres lectures s’imposent afin d’acquérir une meilleure compréhension de ce concept. Pour que l’apprentissage de l’orthographe se fasse de manière progressive, il est primordial de connaître le type de fautes d’orthographe auquel s’adonnent les enfants. Quels sont alors les différents types de fautes d’orthographe? Soyons clairs: tous les enfants, à un moment ou un autre, présentent chaque type d’erreur dans leurs écrits. Cela s’inscrit dans une courbe d’apprentissage naturelle. Même chez les adultes qui se disent avoir maîtrisé le code écrit, ces erreurs se glissent de temps à autre. Savoir identifier le type d’erreur que vous tentez de remédier dans l’apprentissage de l’enfant peut aider à résoudre les problèmes, tout en proposant des stratégies qui lui permettront d’améliorer la maîtrise du code écrit. Les types d’erreurs les plus communs comprennent, sans toutefois s’y limiter: des erreurs syntaxiques, lexicales et phonétiques / phonologiques. Les erreurs de type phonétiques / phonologiques peuvent être éliminées lorsque vous demandez à votre enfant de lire le mot à voix haute, mais cette stratégie ne suffit pas à elle seule puisque les enfants vont souvent énoncer le mot qu’ils voulaient écrire au départ. Un niveau assez élevé de conscience et d’autovérification est nécessaire pour utiliser cette stratégie comme moyen de correction. Ce type d’erreur devrait être l’un des premiers types d’erreurs à disparaître, une fois que la conscience phonologique des enfants est bien ancrée.Les erreurs lexicales peuvent être corrigées à l’aide d’un dictionnaire ou d’un logiciel de prédiction de mots tels que WordQ ou Medialexie. Pour ceux qui sont encore à l’étape de l’épellation phonétique, une belle solution existe: on peut utiliser un dictionnaire phonétique tel que Lexibook ou Franklin (Larousse). Ces dispositifs et logiciels technologiques offrent une panoplie de fonctions tout aussi riches que celles énumérées dans le présent billet. Les erreurs syntaxiques ne peuvent être éliminées qu’en connaissant les règles des compétences syntaxiques. La prudence s’impose: les élèves ne seront pas en mesure de maîtriser toutes ces compétences d’un seul coup. Il nous faut adopter une attitude de tolérance pour les erreurs liées aux compétences qui n’ont pas été enseignées si l’on veut maximiser le rendement des élèves et inciter leur intérêt à l’écrit. Je vous en dirai plus long sur ces compétences dans les billets futurs. Payez-vous la traite d’un Sharpie : c’est une façon rapide, facile et très rentable de biffer les erreurs. Si un enfant fait une erreur, utilisez le Sharpie pour biffer l’erreur, de sorte qu’il ne la revoit jamais. Écrivez le mot correctement au-dessus ou en dessous du mot biffé, et soulignez la zone sur laquelle vous désirez que l’enfant mise son attention. Par exemple, si un enfant écrit ‘carotte’, biffez le mot mal orthographié et écrivez «carotte», en soulignant les endroits où l’enfant a commis l’erreur. De cette façon, la mémoire se fixera sur les parties soulignées, et vous augmentez les chances que l’orthographe correcte soit retenue. Autrement dit: si un enfant doit regarder son erreur afin de déchiffrer et écrire le mot correctement plusieurs fois, il est exposé à l’erreur plus souvent qu’à l’orthographe correcte, ce qui augmente la probabilité de reproduire la même erreur. C’est comme si l’on mémorisait l’erreur, plus que le mot correct. Donc chapeau à tous les enseignantes, enseignants et parents partout au monde! Faisons équipe et aidons nos enfants et nos élèves, à utiliser toutes les ressources qui sont facilement disponibles: dictionnaires en format papier ou virtuel, murs de mots, lexiques… Encourageons-les à apprivoiser les difficultés de la langue écrite comme faisant partie d’un processus. Il nous faut changer les perspectives des enfants: tout le monde fait des fautes d’orthographe. Ce n’est que lorsque nous sommes conscients des erreurs et des outils qui nous sont accessibles pour aider à réduire leur fréquence que la bataille peut être vaincue. Les corrections et les rétroactions constructives ne sont pas synonymes de critique. Chaque enfant doit être encouragé à maîtriser les compétences à son rythme, et la seule compétition qui vaille est celle avec soi-même. Note : les termes enfant et élève sont utilisés de manière interchangeable afin que les parents et les enseignants puissent s’identifier comme membres intégraux de l’équipe de formateurs de nos jeunes. Par Michèle Minor-Corriveau, PhD, 2015. En 1998, Dre Minor-Corriveau a obtenu sa maitrise en orthophonie à l'Université Laurentienne. Elle est membre en règle de l'Ordre des Audiologistes et des Orthophonistes de l'Ontario (OAOO). Depuis 1998, elle a travaillé auprès d’enfants d'âge scolaire ayant des difficultés ou des troubles de la parole et du langage. En 2012, elle a obtenu son doctorat en Sciences humaines, un programme interdisciplinaire mettant l'accent sur l'intégration des professionnels de différentes formations liées à un problème complexe commun. Ses champs d’intérêt de recherche incluent, entre autres, la normalisation et la validation d’outils d’évaluation et d’intervention pour les troubles de la parole et du langage chez les minorités linguistiques, c’est-à-dire, la population franco-ontarienne. Depuis 2008, Michèle a donné des conférences et enseigné comme professeure agrégée à l'Université Laurentienne dans le programme d'orthophonie. Elle est un ardent défenseur des francophones et francophiles et est toujours honorée d’aider à promouvoir la profession d'orthophonie et de sa pertinence dans un milieu bilingue.
2 Comments
boufkar
9/26/2022 01:15:29 pm
tu est nul
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AuteureChantal Mayer-Crittenden, Ph.D., SLP Reg CASLPO Archives
July 2018
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